Je tiens a m'excuser pour la mise en page de cet article mal aere... Mais il y a parfois des choses que l'on ne maitrise pas... surtout en informatique !

     La frontière, une grosse cabane au bout d'un chemin de terre.
Les douaniers, consciencieux, notent nos identités. 40 km dans la pampa et nous voila a deux pas de la mer...
     Sur un plateau écrit par Giono, nous plantons notre tipi. Première soirée sympathique dans une grande famille... Le grand fils cause un nuage d'anglais et nous entrons un peu plus dans le pays. Les mots pratiques et surtout "comment ce se fait que vous pédalez autant ??".
     Au soir, la brume tombe. Il n'y a plus que l'ombre de la vache au bout du champ, les cris déchirants des grenouilles qu'on écrase (eh mais on fait pas exprès !) pour aller se coucher (mais non y a pas de grenouilles dans les sacs de couchage et de toute façon c'est pas vrai, on les écrase pas, les grenouilles coassent dans la mare, pas dans la pelouse...) et les larmes du chien qui s'ennuie.
     Grosse pluie pendant la nuit. L'impression que ça va trouer la tente... Mais tout va bien, on se calme... Rendors toi !...
     La famille nous réinvite au petit déjeuner et je décris ce qui encombrait la grande table tellement...
     Un bouquet de lilas frais, du thé, du café, une omelette (sur laquelle on pouvait mettre de la ciboulette et de l'aneth), des cornichons (gros !), du pain, de la confiture, du lait et... des crêpes (bon dieu, les dernières étaient stambouliotes...).
     Bon, après ça a degenere, il a commencé a pleuvoir, c'était pas motivant... La grand-mère a dit en russe que c'était pas un temps pour le vélo, qu'on avait qu’à boire ! Alors ils ont sorti la bouteille d'alcool typique letton tradition et tout ce que tu veux (genre médicament brun, liquoreux acide fumant...) et les petits chocolats...
 
     Heureusement pour nous, le soleil est revenu et on a repris la dure route... avec dans les bagages, de la confiture de groseilles, des cornichons, 10 oeufs et du lait (Liza a la bouteille facile, elle a sifflé son litre dans l'heure qu'elle était toute ballonée après...).

     On se révèle être rapidement crevés (ce qu'on dort mal quand le soleil a rendez-vous avec la lune...). J'ai beau susurrer monts et merveilles a Liza, quand on découvre que la route côtière (que l'on va suivre jusqu'a Riga) est plutôt forestière, on balance tout au camping et merde hein, on va pas se tuer a la tache... mais pas le temps de réfléchir... Le ciel s'est rempli de nuages fluos et ça pete les plombs là-haut...


     La tente est montée, les affaires au sec, on attend. Ah la bonne blague ! Trombes d'eau et vas-y que ça caragouille, feuilles dans les airs...
     Vous voyez une baignoire, mettez une tente dedans, c'est nous...
     Le trou du camping, on est dedans !
     - Vas y on va pas la démonter maintenant, il pleut !
 
     Alors on attend que l'électricien remette les plombs.
     Et zou, on déménage sur la bosse du camping !
 
(notre totem, protecteur de la tente...)

     Pendant ce temps, l'autrichien se marre. On est trois ici. Lui et nous. Lui, c'est le 3eme cycliste en activité rencontré, dans un camping en Mazurie, a la frontière polono-lituannienne et ici... Il file au Cap Nord. Il a les panneaux solaires, la selle hi-tech, les astuces et l'avance qu'ont les allemands, autrichiens, belges, suisses sur nous en vélo ! Il a aussi la remorque. Et depuis qu'il m'en a vanté les mérites en long, en large, en allemand, en anglais... j'en rêve !
 
     Bon mais quand même, la douche du ciel n'est pas suffisante, on a les cheveux qui tiennent seuls, faut laver tout ça... diluer n'est pas la solution !
     Bonne douche bien noire, bonne omelette bien jaune et ballade sur la plage. Le soleil n'en finit pas de se coucher et se prend les pieds dans la brume. Pieds dans l'eau. Pour dire...
     On se réveille crevés. C'est rare mais à ne pas prendre a la légère. C'est le "coup de mou balte". On reste une journée de plus. Glande formidable, lessive et bain... Rapide le bain. La Baltique, c'est comme en Bretagne... en plus froid ! On tente de soigner les cicatrices de notre bronzage cycliste.

 

     De nouveau, en fin de journée, le ciel gronde. Nuages bleus violets grandioses, de ces nuages qui mangent l'espace et plouf, carapate dans la tente !


     On repart le lendemain, bien décidés à en découdre avec la route. Le ciel est très charge, remonte même. La pause de midi en 4eme vitesse. Tout est au dessus de notre tête, mieux vaut fuir ce banc, y aura sûrement mieux plus loin. On s'habille, la totale, le vent est tiède, on sent que ça vient... et c'est la plus belle saucée jamais prise...
     Tonnerre de Brest ! Ou d'ailleurs, peut importe. La même impression que lorsqu'on se jette a la baille tout habillé. L'eau qui monte et monte et recouvre la route, les champs... Soudain et violent ! Les éclairs se reflètent dans la mer qui nous entoure, le vent balaye les restes de Terre... Passent devant nos yeux humides des feuilles, des chats, des coléoptères...
     Ce fut intense mais on en a réchappé !
 
     On continu notre avancée le long de cette cote Balte. Bientôt en vue du Cap de Kolka. Mais avant, cette portion de 45 km que nous redoutons. Route en paille de fer ou l'on a le choix entre le bas cote humide (dans lequel on patauge et se noie) ou le centre de la piste (genre tôle ondulée) ou l'on vibrionne de mille éclairs...


(devant et derriere...)


    Mais pas le temps de réfléchir, 10 taons dans le rétro qui tournent, vautournent et culbutent l'envie de rentrer dans la chair. Des fois tellement entreprenants qu'on jette le vélo, qu'on attrape le torchon et qu'on fouette... les voila "dead" ou encore plus excites !...
     Le soleil timide, gonfle le torse et pique tout. Ca se réchauffe. Le chemin sèche des pluies de la veille et les camions (et autres...) lèvent un couloir de poussière a étouffer un cycliste...

 

    Cycliste. Tient, au milieu de ce caca, on en rencontre un. Harnaché, on le voit venir de loin. Jouer de la sonnette et se parler du vaste monde. Il est allemand et file, lui aussi, au Cap Nord. Il fallait attendre le soleil pour partir... Bon sang mais c'est bien sur !
     On longe donc la cote. Au milieu de ces forets, c'est a peine croyable. Seule cette odeur de poisson crevé qui surnage et arrive par vagues nous le rappelle...
     Route blanche qui éblouit. On sait qu'on aura les yeux pétés ce soir. Je pleure mes lunettes, tombées et cassées sur les paves portugais. Liza doit regretter les siennes, explosées dans ses roulés boulés hivernaux bulgares...
 
     Mais après bien des efforts, on arrive au Cap (Kolkasrags). Petite pointe douce et sans prétention. On mérite bien notre douche au camping de Purciems ou l'on retrouve tous les camping-cars allemands qui nous on doublé dans la journée !
 
     Le lendemain est étrangement froid et brumeux. On reprend le couloir d'arbres, percé ici ou la, par des lambeaux de nuages... Quelle déception ! Nous qui pensions siroter la mer en roulant !
     La grosse journée d'hier (97 km) passe mal. On trouve refuge pour la nuit entre une aire de stationnement et la plage. C'est autorise mais on vient tout de même nous prévenir qu'il faut démonter la tente avant 8h au matin... sous peine d'amende ! Nous qui pensions récupérer un peu ! Peut être plus tard ?
     Sous la pluie du soir, je termine "Pereira prétend" de Tabucchi et cela me renvoie au Portugal, déjà si loin... Je crois que nous l'avons raté... et que j'y retournerai !
 
     Par peur du gendarme (qui ne vient pas, bien sur !), on se lève tôt. Déjeuner avec les moustiques et on pousse la fatigue plus loin.
     Riga est difficile à approcher. Beaucoup de rivières, de lacs, peu de ponts. D'averses en nationales, d'engueulades en autoroutes, on prend le train ! Il nous faut un lit, et plus vite que ça !
 
Retour à l'accueil